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    SECRETS.


    Mais je n'ai plus aucun pouvoir.

    Moi qui m'imaginais une force infinie, moi qui m'étais crue invincible pendant un instant.. Mes muscles fondent et je sens leur chaleur tomber sur mon corps comme de la cire. La petite flamme en moi perdure, malgré la consistance que je perds, malgré mon être qui s'écroule doucement, en grosses flaques solides et molles à la fois.

    Chaque soir je vois son reflet. Je ne la regarde pas, je l'observe. La lueur dans ses yeux, la foi qu'on peut aisément placer dans son regard. Elle a ma morphologie, mais paraît mille fois plus éclatante.

    Qu'ai-je raté ? Suffit-il d'atténuer le noir sur mes paupières ? De forcer mes lèvres à s'entrouvrir en un sourire ? Couper mes cheveux, changer de vêtements, me tenir droite et avoir l'air heureuse.
    Comment pourrais-je ? Sans espoir de construire sur ces fondements.

    Il y a là quelque chose qui m'enserre, une peine qui s'éprend de moi et me manipule. Je suis alors comme tiraillée entre deux sphères, le Mépris et le Pardon. Désarmée, tremblante, je m'engouffre dans un chemin nocturne où chaque lumière vient frapper mon visage livide. Au moindre faux pas, à chaque moment, l'une des deux sphères peut me saisir pour m'enfouir dans son cœur. Chaque côté paraît si simple et à la fois si difficile.
    Je ne peux pas choisir, il me faut à présent marcher droit en attendant de perdre conscience et de m'abandonner aux mains du Pardon. Le Mépris ne gagnera pas, cet éternel diable au rire malfaisant. Je choisis involontairement.
    Avec son reflet qui me hante.




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    Et elle défilait, sur son chemin de brume, les cheveux emmêlés par les souffles, et ses cendres effacées d'un geste instinctif. L'allée de bois où ses talons résonnaient longeait la mer. A chaque pas, ses longues jambes reformaient un métronome de chair. Néanmoins, son allure pleine d'assurance cachait un mystère.
    Elle semblait ne pas savoir où ses pas la menaient. Son regard ne se portait ni sur l'étendue d'eau à sa droite, ni sur les dunes à sa gauche, ni même sur la ligne d'horizon vers laquelle elle marchait. Ses lunettes de soleil semblaient lui donner un air vide car, son dessein invisible, il ne restait d'elle qu'un corps sculpté par l'abandon.
    Des images en noir et blanc qui surgissent sans prévenir. Si peu surprenantes, mais si précises, comme évadées d'un vieil album photo poussiéreux que l'on vient de retrouver par pur hasard dans un grenier plein de souvenirs. La demoiselle semble si peu réelle à travers les clichés immatériels qu'il me reste d'elle. Elle sortirait alors d'un songe. Familière.
    A qui fait-elle référence? Un moi-même désorienté? Une projection d'un quelconque subconscient?
    Je ne rêvais que d'elle, éveillée. Toujours les mêmes pas embrumés, près de la valse d'écume. Je la vois défiler, alors que je m'enfonce dans les profondeurs aquatiques. Avec pour seul souvenir, la résonance de ses talons sur le ponton de bois.




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  • Sommeil, éveil.



    Vient alors le crépuscule, et son illusoire

    Sommeil étreignant l'Homme de visions hideuses,

    Pour le bénéfice d'un repos dérisoire.

    Songes baignés de sang et obsession affreuse.

     

    Du sommeil ou de l'éveil : quel était le pire?

    A l'aube encore, les pensées noires affluent.

    L'anxiété sort ses canines, telle un vampire,

    Un monstre, et vient drainer l'indispensable flux.

     

    Dans ce cercle vicieux, la face livide

    De l'humain sinistre se confronte aux avides

    De puissance : Conscient et Inconscient.

     

    Ainsi mené dans ce carrousel effroyable,

    L'être témoigne de son désir impatient:

    Cessera-t-elle, cette asthénie invivable?




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